vendredi 4 janvier 2013

Windows 8 : retour vers le passé

J'ai testé rapidement Windows 8.

Mes premières impressions sont négatives.

Windows sans Fenêtres

Les applications natives (spécialement faites pour Windows 8) s'ouvrent forcément en pleine écran.

A quoi bon appeler ça "windows" (signifiant "fenêtres" en anglais) si ça ne fait plus de fenêtres ?

Mais surtout l'intérêt des fenêtres est de visualiser le contenu de deux applications à la fois, afin de pouvoir transférer des données d'une fenêtre à l'autre.

Windows 8 a bien une application "bureau", avec des fenêtres. Mais ça n'est là que pour la rétro-compatibilité.

Autant sur un petit écran, avec des gros doigts, une présentation systématiquement pleine écran est justifié, autant assis à un bureau, avec une souris très précise, rien ne justifie un tel comportement.

Le démarrage des applications

L'absence du menu "démarrer" est très gênante. Ce menu rassemblait toutes les applications, et il a surtout fallu des années aux développeurs pour bien présenter les applications.

Bien au-delà de l'habitude, retrouver une application devient fastidieux. Il faut chercher parmi des centaines d'icônes des applications sans nom ou mal ordonnées.

En éliminant ce menu, c'est vingt ans d'histoire de l'informatique que Microsoft vient de balayer.

Malgré la riche idée de vouloir remplacer des mots par des icônes ou des dessins, par expérience je sais que les logos des entreprises n'arrêtent pas de changer, et que les dessins censés être compréhensibles par des illettrés, se révèlent moins claires que des mots, de sorte qu'ils deviennent par eux-même une nouvelle écriture à apprendre.

Encore une fois, avoir une dizaine de gros icônes sur un téléphone est justifié. Sur un ordinateur, il faut s'attendre à ce qu'un utilisateur installe une centaine d'applications.

Remarque en passant : j'utilise intensivement Android, et j'ai 230 applications sur mon téléphone. La recherche d'une application commençant par "Y" est très fastidieuse, et le "gestionnaire d'application" du système android, qui met du temps à afficher les icônes (alors que ce qui m'intéresse, c'est leur nom !) est à la ramasse pendant une à deux minutes que je le lance.

Conclusion

Le but de cet OS est clairement de fusionner les OS pour tablettes, téléphones mobiles et ordinateurs de bureau. Sauf que sur un bureau, l'utilisateur a deux superbes outils très pratiques : le clavier et la souris.

C'est d'ailleurs très dommage que les téléphones et tablettes utilisant des stylets n'aient pas plus de succès : c'est beaucoup plus précis et fait tout de suite beaucoup plus professionnel. Toucher l'écran avec les doigts c'est bien pour jouer.

Microsoft vise une fusion des plate-formes des utilisateurs finaux que personne ne voulait. C'est clairement un nivellement par le bas : Microsoft veut que les ordinateurs de bureaux descendent au niveau des téléphones portables et des tablettes, alors que c'est le contraire qui va certainement arriver.

Les tablettes et les téléphones étaient peu puissant et avait des fonctions limitées. Mais ce n'était que temporaire. Avec Windows 8, Microsoft commet une grave erreur stratégique.

L'avenir ce sera plutôt ça (la vidéo qui suit) une téléphone qu'on pourra mettre sur une station d'accueil pour travailler avec un clavier et une souris. Du coup l'OS aura un comportement fenêtré en mode écran-clavier-souris et un comportement plein écran en mode téléphone-tactile.

Windows 8 est donc de fait un retour en arrière : un monde sans souris, sans clavier, pour des ordinateurs peu puissant où on installe peu d'applications. Attendez-vous à un rejet massif des entreprises.

vendredi 28 septembre 2012

L'adjoint au maire de Paris contre le périph'

L'adjoint au maire de Paris, René Dutrey, veut réduire la vitesse du boulevard périphérique parisien de 80 km/h à 70 km/h.

Je suis ni pour ni contre, mais je trouve tout simplement cette mesure ridicule.

René Dutrey est au parti Europe Écologie Les Verts, ce qui rend son jugement quelque peu partial sur la question.. Mais surtout, je suppose qu'il habite Paris, se déplace en vélo et n'a donc aucune idée de ce qui se passe sur le périphérique et n'a même pas la moindre notion sur la théorie de la circulation automobile.

Ce qui l'intéresse, doit être de se faire réélire en utilisant l'ignorance des bobos parisiens sur ces questions.

Selon lui, réduire la vitesse sur le périphérique permettrait :

  • de baisser de 5% les émissions de polluants
  • de fluidifier le trafic en évitant les effets accordéon. Il a même dit à la télé que ça décongestionne les sorties du périph'.
  • de réduire les nuisances sonores de 1 à 2 dB

80 km/h sur le Périph' ?

Qui a déjà pris le périphérique sait qu'il est difficile d'atteindre la vitesse de 30 km/h de toute façon. Autrement dit, quand la pollution est maximum, personne ne roule vite ! Les pollutions sonores et aériennes dûes aux voitures sont plus le fait des voitures qui ne roulent pas que de celles qui avancent réellement.

Quand on peut rouler à 80 km/h, c'est en fait qu'il y a très peu de monde sur le périphérique. Autrement dit, l'impact d'une telle mesure est annulé par le fait que très peu de véhicules arrivent à atteindre une telle vitesse sur une journée.

C'est d'ailleurs pour ça que je me dis ni pour ni contre à la base : de toutes façon ça ne changera pas grand chose !

Nous allons tout de même faire semblant de croire que cette mesure va réduire la vitesse de 80 à 70 km/h pour contredire les autres arguments de René Dutrey.

Le temps de parcours

Argument choc de René Dutrey : le temps de parcours du périphérique en faisant le tour n'est allongé que de 4 minutes.

Je lui retourne son argument : 270 000 véhicules vont polluer 4 minutes de plus les alentours de Paris chaque jour !

Réduire la vitesse sur le périphérique permettrait de baisser de 5% les émissions de polluants ?

Il existe bien des articles qui explique que rouler sur autoroute à 110 plutôt que 130 permet d'économiser 1 litre d'essence : les fameux 5%. René Dutrey a bien l'air d'extrapoler ce résultat avec les vitesse 70 et 80 km/h.

Sauf qu'un véhicule à énergie thermique utilise des rapports de vitesse au niveau de sa transmission. La consommation à 80 km/h est la même qu'à 60, 40 ou 20 km/h, tout simplement parce que le conducteur appuie de la même manière sur la pédale d'accélération !

Donc la consommation à 30, 50, 70 et 90 est sensiblement la même et légèrement supérieur à 20, 40, 60, et 80.

Même si la vitesse était constante, René Dutrey aurait tord !

Moins de bouchons aux sorties ?

Voici un résultat de la théorie de la circulation, qui est contre-intuitif : quelque soit la vitesse le débit maximum d'une route (nombre de véhicules par minute) reste quasiment constant.

En excluant les petites vitesse, le débit maximum d'une route ne change pas à cause des distance de sécurité. Ces distances dépendent du temps de réactions des humains, soit 2 secondes. Donc une route ne peut pas débiter plus d'une voiture toutes les 2 secondes par voix, quelque soit la vitesse.

Dans ma démonstration, j'ai négligé la longueur des véhicules (3 à 4 m). Pour les petites vitesses, la longueur des véhicules ne peut plus être négligée.

Ainsi, le nombre de véhicules voulant sortir du périphérique à un moment donné ne changera pas.

Moins de bruit ?

En fait en réduisant la vitesse, vous augmenter le nombre de véhicules que peut contenir un tronçon de route. Les distances de sécurité étant réduites, plus de véhicules circulent.

Je reprend aussi l'argument du régime du moteur avec les rapport de vitesse : à 70, le régime du moteur est plus haut qu'à 80 car il faut utiliser un rapport de vitesse inférieur. Les deux réunis, me laisse penser qu'en roulant moins vite, on peut faire plus de bruit.

René Dubrey : une vision dogmatique anti-bagnole

Ce n'est pas moi qui le dis, mais le blog "Paris est sa banlieue". "Il a une analyse dogmatique et politicienne, lourde d’incompétence du dossier." Le dossier était "la mobilité en Île de France".

Le pire est que l'article que je cite date de 2006. Le personnage n'a pas bougé d'un iota depuis 6 ans. Malgré le vélib, l'autolib, les couloirs de bus géants avec muret et infranchissable, le retour des tramways, la mairie peine à prouver l'utilité de ses mesures anti-voiture !

Selon Atlantico, la mairie de Paris manipule les chiffres pour faire croire que les parisiens utilisent moins leur voitures : "les statistiques de l'observatoire des déplacements de la mairie calculent le nombre de véhicules à quatre roues passant sur un kilomètre de voirie en une heure. Les embouteillages réduisant ce chiffre, ils sont comptabilisés comme ayant contribué à diminuer la circulation ! Bref, la maire tire parti de sa propre turpitude"

jeudi 27 septembre 2012

Faites vos mots fléchés en moins de 10 minutes

Voici un lien qui va accélérer vos résolutions de mots-fléchés des journaux Métro, 20 minutes et Direct-Matin.

Voici toutes les définitions classées selon le nombre de lettres :

Bien entendu, il n'y a pas tous les mots au delà de 5 lettres, mais vous aurez au moins tous les mots entre 2 et 4 lettres, ce qui remplit bien votre grille.

En plus, notre cher cruciverbiste utilise des définitions uniques. Ainsi un "fleuve ibérique" en 4 lettres est forcément "TAGE", même s'il existe 3 ou 4 autres fleuves ibériques en 4 lettres.

Par contre "Note" en 2 lettres, vous aurez bien 8 mots possibles.

Merci qui ?

mardi 4 septembre 2012

Tout serait de la faute d'Internet

Pour ce billet de blog je vais faire simple. Je vais reprendre la critique de Natacha Polony sur les jeux vidéos. Mon contre-argumentaire est recyclable pour n'importe quelle critique anti-jeu-vidéo ou anti-internet.

Jean-Marie Pontaut, commence par nous expliquer que de plus en plus des individus mettent en ligne des vidéos de meurtre, torture et autres horreurs sur Internet. Il n'a pas le temps de conclure, mais on comprend très bien le sous-entendu. Internet et les jeux-vidéo seraient responsables de tous les maux du monde, et notamment de ce qu'a fait Merah.

Rappelons à ces Ayatollah de la moral, qu'avant eux, certaines têtes pensantes de l’Église ne voulaient pas que le bas peuple apprennent à lire, ou pire écrire, que la musique permettait aux jeunes de dansaient en couple (!), le rock et les disques amenaient des danses saccadées dignes de vous-savez-qui, la radio amenait les débats politiques dans le sein même des foyers, que la télé montrait des gens qui se tuent, sans moral et dans la plus grande bêtise.

En son temps, Ségolène Royale trouvait très dangereux de laisser ses enfants devant les "japoniaiseries", telles que Goldorak ou Candy (à la place mieux vaut-il regarder Dallas ou Santa Barbara ? Ou des jeux si peu intelligent tel Une famille en or qui a l'avantage commerciale de ne nécessité aucune culture générale...). (En lien, une critique du livre Ras-le-bol des bébés-zappeurs).

Voici la bande-annonce d'un film de 2001, qui montre bien que la volonté de devenir célèbre grâce à des vidéos-amateur n'est absolument pas dû à Internet, car Youtube n'est apparu qu'en 2005. Dans ce film, le héro sociopathe et meurtrier sans conscience ne rêve que de devenir célèbre en passant à la télé.

Dans la première vidéo, Natacha Polony dit "On va encore avoir des réactions" : merci Natacha de nous prévenir que tu vas troller. Ca n'en reste pas moins du troll sans fondement scientifique concret.

Exactement comme pour le rock, les dessin-animés japonais, et la lecture, les jeux-vidéo en ligne sont la cause de la déchéance des ados français. La nouveauté dans le paysage culturel français est à chaque fois la bonne cible des autoproclamé défenseurs de la morale.

Rendez-vous compte : au lieu d'aller dehors, se confronter aux mille-et-uns dangers (que les parents s'inventent), voilà que le nouveau danger, est forcément ce qui n'existait pas auparavant : les jeux-vidéo et Internet.

Mais voici une bonne vidéo qui tourne en dérision tous les discours qui disent qu'il existerait une addiction aux jeux-vidéo :

De toute façon, la pauvre Natacha se fait bien remettre en place dans la première vidéo. Les jeux-vidéo se vendent bien mieux que le cinéma : beaucoup de monde y jouent, et parmi eux, il y a des tueurs en série. Ca n'est pas un critère pertinent !

Mais au delà de la volonté de protéger nos chers enfants, de quoi voulons-nous vraiment les protéger ? De la réalité ? Vaut-il mieux leur expliquer que les cadeaux viennent du Père Noël, mais qu'ils doivent tout de même remercier leurs grands-parents, pour une raison qu'ils ignorent... Que les chocolats de Pâques sont apportés par des cloches et ne sont pas cachés par les parents. A force de protéger les enfants, seront-il capables un jour d'aller acheter le pain tout seul ?

Il est effectivement légitime de s'alarmer d'une surexposition à la violence, mais pas pour la raison qui paraît "logique". Le danger n'est pas que nos enfants deviennent violent, mais qu'ils croient être des super-héros qui peuvent toujours faire triompher le bien. Ou alors qu'ils s'identifient en victime, et ne sachent que faire si aucun super-héros ne vient les sauver.

Que vont-ils faire s'ils sont brimés à l'école ? Je n'ai jamais vu aucune série apportait une bonne solution, et pourtant là, ça serait intéressant...

lundi 27 août 2012

Analyse de l'immobilier en France

L'analyse de l'immobilier en France, montre qu'il y a de fortes croyances dans la population (toutes fausses) :
  • l'immobilier ne baisse pas / monte toujours
  • un locataire n'a plus rien / un propriétaire a une maison quand il a fini de rembourser

Tant que la France avait le franc, effectivement l'immobilier avait une valeur en franc qui augmentait tout le temps. Mais se fut au prix de plusieurs dévaluations tout au long du siècle : 1919, 1922, 1924, 1928, 1931, 1936, 1940, 1945, 1948, 1958, 1969, 1981, 1982, 1983 (dévaluation directe, ou indirecte ; par exemple en remontant le mark).

Oui, dans ces conditions, les français avaient tout intérêt à emprunter et à rembourser sur une période la plus longue possible : une dévaluation interviendrait forcément, et les banques étaient remboursées en monnaie de singe.

Mais avec les allemands aux commandes de la banque européenne, avec leur rigueur légendaire ils vont tout faire pour préserver la valeur de l'euro. Ne comptez pas trop sur une inflation galopante, où votre salaire augmentera plus vite que ce que vous devez rembourser.

Même quand l'immobilier ne baisse pas, il engendre des frais pour qu'il conserve sa valeur. L'entretien, les mises au normes (qui vont devenir de plus en plus sévères), les taxes (d'habitation), les impôts (locaux et fonciers) et les frais de mutation (que vous payez au notaire au moment de la transaction), sont autant de dépenses qui rendent moins rentable l'achat d'un bien immobilier. Si l'acheteur ne compte pas y habiter au moins sept ans, un achat n'est pas rentable. Et encore, avec l'augmentation de l'immobilier ce chiffre a sûrement encore augmenté.

L'austérité à la rescousse des libéraux

L'austérité est souvent présentée comme l'autre solution face à une crise. Les effets recherchés sont les mêmes que lors d'une dévaluation : une augmentation de l'attractivité du pays d'un point de vue purement financier.

Mais cela marche, seulement si le pays qui fait une cure d'austérité est le seul à la faire. Un pays devient plus attractif, si tous les autres restent au même niveau d'attractivité. Reste à savoir, si les pays de l'union européenne se sont unis pour se concurrencer fiscalement, ou s'ils se sont unis pour que les puissances publiques fassent un front commun aux entreprises privées, pour assainir uniquement la concurrence privée...

Vidéos

Voici une vidéo de Philippe Manière qui affirme que l'immobilier ne sert à créer une valeur pérenne pour la nation.

Selon moi, son analyse est la bonne. Mais l'immobilier représente une part non négligeable du PIB. Les propriétaires, ce sont les retraités : la part conservatrice de l'électorat qui vote à droite. Si la droite revient au pouvoir, elle va à nouveau avantager l'immobilier.

BFM, les experts : la bulle immobilière sur Vimeo.

Voici une bonne analyse du marché immobilier et un coup de balaie sur la croyance de la pénurie de logement. La raison de la bulle est la facilité d'obtenir des crédits. Mais qui a créé les prêts à taux zéro ? C'est Sarko ! Le prêt à taux zéro a servi à augmenter la demande sans augmenter l'offre. Selon les principes de l'offre et de la demande, dans ce genre de situation, les prix montent... et nos propriétaires français ont l'illusion d'être riches.

jeudi 23 août 2012

La fusion du CSA et de l'ARCEP : une très mauvaise idée !

La fusion du CSA et de l'ARCEP est une idée absurde !

D'un côté, l'ARCEP s'occupe de réguler les moyens de communication c'est à dire les contenants, et l'autre, le CSA s'occupe de réguler les programmes des chaînes de télévision et des radios, c'est à dire les contenus.

D'un côté, l'ARCEP régule les conflits entre Orange, Bouygues-Télécom, SFR, Illiade-Free et leurs clients. De l'autre, le CSA réguler les conflits entre TF1, France-Télévision, Canal+, M6, et leur public.

Certes, par la force des choses, le CSA avait quelques compétences techniques, car il fallait bien attribuer les fréquences de la télévision et de la radio. Mais ça restait superficiel car le but était surtout d'offrir un panel large de chaînes et de radios aux français. L'ARCEP quant à elle est purement technique. Son but est que le plus grand nombre de français soient atteignables par les réseaux des opérateurs.

Alors qu'avec les chaînes de télévision l'aspect technique pouvait sembler sommaire. En matière de télécommunication, les aspects techniques sont primordiales. Les missions du CSA peuvent aussi concerner les contenus sur Internet sans jamais toucher à l'aspect technique des réseaux de télécommunications.

Par exemple, imaginer que nous ayons une autorité des livreurs de colis, et une autorité des vendeurs par correspondance qui édictent chacune leur règlement dans leur domaine. Pourquoi voudriez-vous fusionner l'autorité des livreurs dans celle de la VPC ? Ou l'inverse ? Ça n'a pas de sens car vous demanderiez à la nouvelle autorité d'être compétente sur deux domaines distincts.

Fusionner le CSA et l'ARCEP n'apporte aucun avantage. Ça ne mutualise rien. Ça ne simplifie rien. Par contre, il y a de réels risques de prise de mauvaises décisions à cause du manque de compétence technique des membres de l'autorité fusionnée.

La volonté de rapprocher l'ARCEP et le CSA, démontre surtout que le Premier ministre n'a rien compris aux rôles des deux autorités. Le CSA peut très bien voir son rôle étendu aux contenus sur Internet sans jamais empiéter sur la mission de l'ARCEP.

Cela donne l'impression que Jean-Marc Ayrault a une vision très "minitel" d'Internet. Il veut qu'Internet soit comme la télévision. Ben non, Internet n'est pas la télévision. Internet n'est pas un minitel amélioré. Internet permet de diffuser comme le fait la télévision, mais il permet aussi à chacun de devenir émetteur vers tout le monde.

Vouloir appliquer des règles très lourdes de grand diffuseur à chaque Internaute est de toute façon absurde.

jeudi 12 juillet 2012

Les lacunes du traité de stabilité européen

Les économistes, même les plus libéraux ont des notions qui identifient des situations de concurrence déloyales. Le rôle des instances européennes (conseil européen, parlement européen) est d'ailleurs de réguler et préserver cette concurrence.

Le traité européen de stabilité traite les problèmes de l'Europe par le bas.

Si tous les pays ont le même niveau de taxation sauf un qui est au dessus des autres : il semble normal et juste que ce pays rectifie ses impôts afin qu'il soit au même niveau que les autres. Jusque là tout va bien.

Oui, mais imaginons l'inverse : un pays qui baisse drastiquement  son niveau d'imposition dans un domaine de l'économie... Que se passe-t-il ?

Ce pays va attirer à lui toute l'activité de ce domaine tout en privant ses partenaires européens d'une source de fiscalité. Ce dumping parasitaire est très dommageable pour l'ensemble de l'Europe, mais très profitable pour le pays qui pratique ce dumping fiscale : il a plus d'activité et collecte plus d'impôts au niveau de l'Etat car il concentre toute l'activité européenne sur son territoire, mais au niveau européen largement moins de taxes sont prélevées.

Mais au lieu d'impôts imaginez qu'il s'agisse du coût de la main d'œuvre. Il y a là aussi  moyen de faire du dumping à outrance.

Car le problème de l'Europe n'est pas uniquement le fait que les états dépensent trop ; c'est aussi que chaque état pratique son petit dumping fiscale dans son coin, privant tous ses partenaires d'une source de taxation. En fin de compte, ce dumping généralisé et croisé entraîne l'Europe par le fond.

  • Royaume-Uni : fiscalité des banques extrêmement basse. Paradis fiscaux dans le common wealth
  • Irlande : fiscalité extrêmement basse pour les sociétés informatiques
  • Luxembourg : fiscalité basse pour les sociétés ayant une activité extra européenne. fiscalité basse pour les sociétés propriétaires d'immobilier.
  • Allemagne : les travailleurs qui n'ont pas de syndicat historiquement fort n'ont pas de salaire minimum. Les lois sur les allocations chômage obligent (théoriquement) les allemands à accepter du travail qui ne rembourse pas leurs frais de déplacement.

Le traité européen de stabilité est là pour dire à tel état qu'il dépense trop, qu'il taxe trop ou qu'il régule trop (le travail, la finance, l'écologie, etc). Mais à aucun moment il ne va dire que tel autre état pratique un dumping fiscale scandaleux.

La vérité est que l'Allemagne était déjà trop compétitive en 2003, mais qu'elle a instauré une série de réformes sur l'assurance chômage la rendant encore plus compétitive, beaucoup trop compétitive. Et vous voulez que les autres pays courent après ça ?

En 2002 la City de Londres gérait 10% des fonds d'investissement européens. En 2007 elle en gère 80%.

L'Allemagne est le pays européen qui a la balance commerciale la plus positive. Mais regardez mieux, sa balance avec la Chine est négative. L'Allemagne est surtout positive avec tous ses partenaires européens. La compétitivité allemande met en péril tous les autres pays.

A l'époque où chaque pays avait sa propre monnaie dont il contrôlait le taux de change, chaque pays avait la possibilité de dévaluer sa monnaie pour redevenir compétitif par rapport aux autres pays. Mais si tous les pays dévaluaient leurs monnaies en même temps, ils se retrouvaient tous au même niveau.

Nous sommes maintenant exactement dans la même situation, mais au niveau des dépenses publiques : le but d'une cure d'austérité est de rendre un pays plus compétitif par rapport aux autres pays européens (ne nous leurrons pas, il est impossible d'être aussi compétitif qu'un enfant leucémique chinois ou indien !), en attirant plus d'investissement sur son territoire. Et donc son effet est le même qu'une dévaluation de la monnaie. Si tous les pays appliquent une cure d'austérité en même temps, tous les pays se retrouvent au même niveau.