mardi 8 novembre 2011

Le français comme on le parle

Voici un article pour basher les parisiens pédants (uniquement les pédants) qui aiment bien expliquer aux provinciaux (mais aussi aux parisiens extrapériphéros) comment parler leur propre langue.

L'académie française

L'académie française l'affirme elle-même : le français est une langue vivante. Aucune loi n'oblige à parler ou à écrire parfaitement le français tout le temps. Temps que les fautes et les néologismes ne gênent pas la compréhension il n'y a pas lieu de reprendre toutes les fautes.

L'apparition de néologismes est essentielle pour la vie d'une langue. Certains néologismes académiques prêtent à rire comme "cédérom". Je vous inciterais plutôt à faire comme moi : préférez utiliser le néologisme qui vous plaît. Car plus il est utilisé, plus il a de chance de faire son chemin jusqu'aux dictionnaires.

Mais la qualité doit primer

Ceci dit, la moindre des politesses pour celui qui veut être lu, est d'écrire en français correct. Si vous êtes lu par un million personnes, et que cinq cent mille perdent une seconde parce qu'ils butent sur un mot mal orthographié, vous avez fait perdre cinq cent milles secondes, alors que vous avez économisé 20 secondes de relecture. Plus vous êtes lu, plus vous vous devez d'être rigoureux dans la qualité de ce que vous produisez.

Monter en haut ou descendre en bas

"Où veux-tu qu'on monte ?" "Es-tu déjà monté en bas ?"

La langue française n'est pas comme le japonais : elle a horreur du vide. Un japonais est capable de vous faire une phrase complexe avec un seul mot, qui n'est même pas un verbe. Du coup, tout est très contextuel. S'il dit "froid", cela peut vouloir dire "ce que je viens de toucher est froid" ou "ce que je regarde a l'air froid" ou si vous parliez d'un séjour au ski, "j'ai froid rien qu'en y pensant".

Le français, au contraire, préfère qu'une phrase soit complète, avec un sujet, un verbe et un complément. Les allemands sont pires que nous, car ils aiment bien ajouter deux ou trois adverbes dans leur phrase: "Je vais bien volontairement promptement en haut." Cette volonté d'alourdir adverbialement les phrases, se retrouve chez nos voisins les belges, dont on aime bien se moquer de leur "une fois".

Mais en plus de cet argument, je rajouterais que "monter en haut" signifie que je ne m'arrêterai pas au milieu. "Monter en haut de l'échelle", "Monter en haut de l'escalier", ne sous-entend pas qu'on ne va pas s'arrêter au milieu de l'échelle ou de l'escalier.

Les expressions "sortir dehors" et "entrer dedans", n'ont pas l'avantage du milieu. Pour ces expressions, c'est bien l'horreur du vide qui appelle un complément de lieu.

L'art de prononcer comme ça s'écrit

Cresson, se prononce-t-il "cr-é-sson" ou "cr-eu-sson" ? La prononciation "cr-eu-sson" est prédominante dans le nord de la France.

La première fois que j'ai entends prononcer le nom d’Édith Cresson, j'ai eu mal aux oreilles. Le parisien me dit : "Ben, oui ! Un "e" devant une consonne doublé, se prononce "é"."

Sauf que rapidement, on apprend qu'en français il y a plein de mots qui ne s'écrivent pas comme ils se prononcent. Certains mots ne se prononcent pas comme ils s'écrivent. Et bien pire, pour certains mots, on ne peut pas savoir comment ils se prononcent en les lisant.

Prenez, par exemple le verbe "ressembler" : le premier "e" ne se prononce pas "é" malgré le double "s".


"Oignon" est l'exemple typique de mot qui ne se prononce pas comme il s'écrit.

Moins connu, "chuchoter à l'oreille" s'écrit "susurrer" avec un seul "s" consécutif et deux "r", bien qu'on aurait envie de l'écrire "sussurer".

La prononciation de "ill"

Si vous regardez "ville" et "fille", vous ne pouvez pas savoir comment ils se prononcent, sans les connaître. Et il y a quasiment autant de mots en "-ill-" qui se prononcent "iL" que "i mouillé".

Prononciation en "iL" :
abbevillien, achillée, bacille, bidonville, billevesée, bougainvillée, clémenvilla, codicille, cyrillique, decauville, distiller (distillerie, distillation, …), fibrille (défibrillateur, etc..), fringillidés, gille, Gilles, imbécillité, lilliputien, maroilles, maxille, pénicilline, pusillanime, scille, spirillose, stillation, tillandsie, vanilline, vaudeville, verticille, vexille, vieux-lille, villafranchien, village, villégiature

Les dérivés de mille : million, billion, trillion, quatrillion/quadrillion, quintillion, sextillion, …


Les formes avec un "i" ajouté au debut du mot devant un "l", comme illégal, illicite, illico, illisible, illogique, illusion (désillusion), illettré, illustre, etc…

Les mots étranger importés : fillér, lapilli, schilling, tephillin, thriller, villa, williams, chinchilla

En nom propre, toutes les villes qui contiennent le mot "ville" et "Lille", et le département "Ille-et-Vilaine".

Prononciation en "i mouillé" :
Tous les mots contenant les formes suivantes sont mouillés (dont le mot mouillé, lui-même) : "-ouil-" "-euil-", "-ail-", "-eil-".

portail, chandail, ail, fiançailles, funérailles, maille, rail, railler.
soleil, vermeil, réveil, corbeille, veiller, réveiller, oreille.

cerfeuil, fauteuil, deuil, veuillez, feuille.
œil et œillet (et les dérivés qui sont les seuls mots à s'écrire "-œil-". Une prononciation qui ne saurait être une règle)
fenouil, grenouille, fouiller, mouiller, trouille.

Un cas particulier : "aiguille" car ce mot aurait dû avoir un tréma sur le "u".

Et enfin les "-ill-" mouillés :
famille, gentille, fille, vanille, pupille, habiller, ciller, babiller, briller, barillet, spirille, vaciller, zorille, gorille, manille (manillon, ...), anguille.

 Les mots étranger importés récemment : cigarillo, guérilla, manzanilla, tortilla, Castille.

La prononciation des doubles consommes et les consonnes finales

Le parisien est formel : il ne faut pas prononcer les doubles consonnes et les consonnes finales.

Et pourtant, la prononciation exacte de "exact", fait entendre le "t".

Le double "g" de "suggérer" se prononce bel et bien, car le deuxième "g" n'a pas la même prononciation que le premier. Exactement comme dans "succès", "successeur", "Occident", etc...


Il est admis que le "t" de "vingt" soit prononcé dans certaines régions.

Le "but" est souvent prononcé avec "t". Le mois "août" aussi.

Le mot "déficit" est un mot d'origine latine, mais francisé à cause de l'accent. Son "t" final est prononcé.

Le mot "os" se prononce bien avec un "s", mais perd miraculeusement ce son au pluriel.

Le mot "mœurs" lui garde son "s", car ce mot est toujours au pluriel.

L'adjectif  "abrupt" est prononcé avec son "t", même au masculin.

1 commentaire:

  1. quel est ce chiffre ? :si un jour tu dois faire un cheque

    neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf

    ajoute 1 euros ça fait cent mille euros

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