Sucker Punch est sans doute l'un des plus beaux films qu'a pu produire l'industrie du cinéma américain : une très belle esthétique, un scénario plutôt complexe (largement plus complexe qu'un film d'action moyen), et l'exploit de rassembler tous les thèmes populaires des jeux vidéos en un seul film.
D'un point de vue féminisme, dès qu'il y a des femmes dans les premiers rôles les féministes se sentent évidement visée : "un mâle hétéro blanc a essayé de nous séduire, mais nous ne sommes pas dupes". C'est en gros ce que dit Anita.
Il y avait plein de points sur lesquels j'attendais Anita :
- le viol de la sœur par le beau-père
- l'héroïne en défendant sa sœur rate misérablement
- l'héroïne s'imagine comme employée dans un théâtre burlesque remplie de prostituées au temps de la prohibition de l'alcool
- la bande de filles est conseillée par un homme
- l'héroïne imagine tout en dansant de manière sexy
- certaines féministes se sont plaint que l'héroïne ne parle pas avant 20 minutes, alors que je vois ça comme une représentation cinématographique du choc qu'a subi l'héroïne au bout de ces 20 minutes : je trouve ça très bien vu
Elle commence sa rubrique par : "Je ne vais même pas vous ennuyez avec le propos du film car il n'y a pas vraiment d'histoire cohérente."
Ben c'est bien là, le problème : j'aurais bien aimé qu'elle m'embête avec quelques détails, histoire de montrer qu'elle a vu le film et qu'elle a eu un minimum de réflexion dessus. Elle n'aurait pas vu le film, elle aurait dit la même chose.
Pire : elle aurait lu les articles qu'elle met en référence, elle aurait pu faire croire qu'elle avait vu le film. Tout ce qu'elle montre, c'est qu'elle a vu deux affiches avec les noms de deux personnages principaux, et la bande annonce, qui effectivement ne montre aucune histoire cohérente (ce qui en fait une bande annonce excellente, car elle ne révèle absolument rien de l'histoire, contrairement à certaines qui vous donnent l'impression d'avoir vu tout le film, et même la fin heureuse au cas où vous auriez un doute).
Et elle continue : "Et au cas où il y aurait quelques questions, il n'y a rien qui puisse même de loin valoriser les femmes dans ce film."
Même pas le fait que l'un des docteurs est une femme ? Qu'elle se rende compte qu'un de ses infirmiers imite sa signature ? Et dans son imaginaire, cette doctoresse est une chorégraphe à poigne très exigeante. Ou alors le fait que l'héroïne se révolte contre son beau-père qui viole sa sœur ?
La valorisation des femmes passent aussi par la dévalorisation des hommes. Combien d'"hommes jetables" sont tués ? Les méchants ne sont-ils pas des hommes ?
Je passe sur le fait que la valorisation ou la dévalorisation de quelques hommes et femmes dans un film ne signifie pas automatiquement que tous les hommes et les femmes sont forts ou faibles, d'autant que ce film a des hommes forts et faibles, des femmes fortes et faibles.
La mauvaise foi d'Anita se révèle quand elle dit que les héroïnes sont habillé dans le style "sexploitation" c'est à dire "comme des putes". Mais elles sont des putes (du moins dans le monde imaginé par l'héroïne). Elle n'a pas vu le film !
Pointes de génie de Sucker Punch
Les relations payées des prostituées sont suggérés, mais pas filmés. De fait, elle sont tout le temps habillée. C'est effectivement bien vu d'éviter des scènes de sexe gratuite, même que quelques secondes, car ça n'était pas le propos du film.
Même chose pour le viol au début, il est suggéré de loin mais même le début n'est pas réellement mis en scène.
Zack Snyder a réussi à rassembler en un seul film, plusieurs univers fantastiques populaires, ce qui constitue un exploit scénaristique, d'autant que le film ne se base pas sur une autre œuvre existante (BD ou roman).
D'ailleurs, cela représente un anachronisme, car tous ces univers fantastiques ont été popularisés par les jeux vidéo, surtout après 2000 dans leur forme 3D sur les consoles de jeux, alors que le film se passe dans les années 1960.
Au moment d'arriver à l’asile, la chanson qui passe est Sweet Dreams dont l'original est chanté par Annie Lennox du groupe Eurythmics. La caméra s'arrête sur la plaque de l'hôpital qui annonce "Lennox House for mental insane" (Maison Lennox pour les malades mentaux). "Lennox House" est aussi le nom d'une des maisons de production de ce film.
Conclusion
Anita est drôle, car elle fait la critique d'un film qu'elle n'a même pas vu. Elle n'a même pas lu les articles qu'elle met en référence. Cette fille est absurde !
Enfin si ! C'est cohérent, son but est de taper sur le grand film du moment où elle a fait cette vidéo. Elle voulait se faire un nom. Elle affirme être une critique de la pop-culture, alors qu'elle refuse de voire Sucker Puch (rappelons qu'Anita Sarkeezian ne joue pas aux jeux-vidéo). C'est bien là son problème !
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